mercredi 26 mars 2014

Temps de mars !

Il neige chez vous ?
Il  gèle ?
Non, tu me fais marcher, c'est une blague marseillaise, comme celle de la sardine qui bouche son port.

Eh ben non, même si c'est vrai que le port de Marseille a été bouché par une sardine au siècle dernier :"La sardine " était le nom d'un voilier et un jour de grand Mistral il a pris le vent de travers et c'est coincé entre les deux forts (St Nicolas et st Jean) qui délimitent le Vieux-Port à Marseille. D'ailleurs pour déloger la dite sardine il a fallu aller chercher un autre bateau et la tirer, non sans mal. Comme quoi, les blagues ont parfois un fond de vérité.

Pour revenir à mon propos, avec l'histoire de la sardine, même les marseillais racontent parfois la vérité et puis ici dans l'arrière pays parpaillot (huguenot) il est interdit de mentir, on irait tout droit rôtir en enfer.

Voilà pour le tableau de départ.

ciel du midi un jour ordinaire


Donc je reviens vers mes considérations météorologiques.
Dans le midi il y a en gros deux saisons : la sèche et l'humide.
Il y a une saison sèche chaude que les personnes bien informées nomment l'été et où nous méridionaux vivons surtout la nuit et dormons le jour (sieste de 13 h 00 - 17 h 00). Mais bon on travaille très tôt le matin 4 h 00 - 9 h 00 et le soir, de 18 h 00- 23 h 00. Il est vrai qu'avec des températures qui avoisinent les 45 ° C à midi au soleil (14 h 00 pour l'heure légale) et les 23 ° C la nuit, en dehors de se ménager on ne ferait pas long feu.
L'autre saison sèche est froide et là c'est l'inverse, le thermomètre descend à des -10°C et -15° C assez facilement, les jours sont magnifiques, avec le soleil, ciel bleu, sans nuages, une vrai carte postale, sauf que dehors il souffle un vent à décorner tous les taureaux de Camargue à 90/100 km/heure. Difficile de travailler dehors, on est gelés jusqu'aux os en peu de temps, tout ce qui n'est pas attaché, cloué, collé vole... On travaille ces jours-là entre 10 h 00 et 15 h 00, parfois même à l'heure de la sieste, et on rentre ensuite se réchauffer au coin du feu, ou alors on s'occupe dedans. Vous aurez compris, je parle de l'hiver. Tous les 5 ans environ on se retrouve avec un peu de neige, de 5 - 10 cm qui ne résiste pas plus de quelques heures, quelques jours au mieux.

Et puis la saison humide.



 

Alors là, vous avez du en entendre parler. L'automne notamment, lorsque les présentateurs de météo nous annoncent leur fameux "phénomène cévenol", ils retournent ce mot dans la bouche comme un bonbon, mais c'est d'une logique, ce truc...









Au vu de la carte, il faut que vous comprenez que la terre se refroidit plus vite que la mer en automne, d'où la formation de nuages et ceux-ci sont attirés par la terre froide, il paraît que c'est un principe de physique, mais comme c'est pas mon domaine...

Donc, les nuages se forment en Méditerranée, et ils viennent vers les Cévennes avec l'échange des masses d'air, le tout étant à une altitude de 1200 -1500 mètres (le Mont Aigoual domine à 1565 mètres). C'est suffisant pour que les nuages restent" coincés" et se vident de leur eau. Et comme la masse d'eau contenu par les nuages est fonction de la chaleur de la mer... (22 ° C la soupe méditerranéenne), plus l'été a été chaud, plus les nuages seront lourds de pluie.
Donc, ces braves contenants se déversent en trombes sur les versants du massif et font grossir les fleuves côtiers en un rien de temps. Les plus célèbres pour leur crues  étant le Vidourle qui prend sa source sur la Montagne de la Fage et les Gardons d'Alès et d'Anduze qui rentrent davantage dans le massif. Je n'oublie pas le fleuve l'Hérault qui prend sa source à L'Aigoual et l'Orb la sienne au-dessus de St Pons de Thommières. Tous ses fleuves grossissent de plusieurs mètres d'eau en l'espace de peu d'heures. Si 100 mm d'eau tombent sur l'Aigoual , l'eau est 6 heures plus tard à Ganges à 40 km, et 100 mm ce n'est rien. En moyenne on a des orages de 400-600 mm d'eau en 4-5 heures, faites votre multiplication.
Pour le printemps nous avons la même chose encore une fois, mais cette fois-ci dans des proportions moindres.

Autre particularité, nous passons d'une saison à l'autre en 3-4 jours. Vous avez encore vos anoraks de skis le lundi et vendredi vous mettez votre maillot de bain et vous vous trouvez à Palavas en faisant trempette. Je n'exagère pas.

Passons au sous-sol : de la mer vers la montagne nous rencontrons tout d'abord des plaines alluvionnaires avec des terres riches, mélangées à du sable mais dans le sous-sol il y a de l'eau de mer, d'où l'allure de la Camargue et les plantes halophiles. D'ailleurs le jour où la Camargue ne sera plus irriguée le sel va remonter en surface et tout brûler. Pour maintenir cet état de fait, les paysans plantent du riz et grâce à l’irrigation des rizières permettent de tenir cette invasion loin. Vous voulez continuer à venir admirer les oiseaux, les chevaux et les taureaux en Camargue = mangez du riz camarguais, c'est la meilleure manière de soutenir cet écosystème.
Après, toujours vers le Massif, il y a les contre-forts avec des plateaux plus élevées 50-100 m, du côté de Nîmes on les appelle les Costières et le sous-sol est argilo-calcaire avec l'eau en profondeur. Il y pousse de la vigne, des oliviers, des arbres fruitiers et les fameuses gariguettes. L'olive emblématique du Gard est la Picholine, bonne pour la salade.
Tout doucement on monte par paliers et plateaux successifs vers les contreforts. Dès qu'on atteint le pied des Cévennes, allant grosso-modo d'Alès , Anduze, Ganges, Clermont-l'Hérault, St Pons de Thommières la terre calcaire devient schisteuses et on entre dans le monde du châtaignier, des forêts de chênes, de pins sylvestres et des cèpes.

Pourqoui elle nous racconte son roman ?




le marronnier  photographie par ma pousse

Je voulais vous décrire mon "jardin", ces contraintes avec lesquelles je joue, qui m'obligent à me montrer inventive dans le choix des végétaux, qui donnent du relief à MON jardin et le rendent unique.
Je suis adepte de Pierre RABBI, qui vit en Ardèche, et qui préconise de vivre en harmonie avec son environnement. Il veut qu'on respecte la nature et pour le jardin il pense qu'il faut choisir les plantes  en fonction des conditions climatiques du lieu où est le jardin et de ne pas imposer à une plante de s'adapter à des conditions pour lesquelles son espèce n'a pas été sélectionnée par la nature.
Cette sélection naturelle a permis une grande variété de plantes, parfois même des sous-espèces d'une même famille, mais si nous faisons un minimum attention avant l'achat de nos futurs pensionnaires et comme Pti nous nous rendons à l'évidence que H**schmilblick n'est pas adapté à notre climat, nous aurons des plantes moins fragiles, moins susceptibles de tomber malades et donc nous utiliserons moins de produits de toutes sortes pour les guérir, et donc...
Si on applique ce principe je suis sure que les plantes nous le rendrons par leurs fleurs éclatantes, leur parfum, leur allure, leur longévité. A leur manière elles nous disent MERCI.

Elle nous prêche la vertu  mais le fait-elle vraiment ?
J’essaye, du moins le plus possible, même si j'ai des Camélias en pot, mais les pauvre n'aiment pas trop, donc je ne les remplacerais pas, même si c'est un crève cœur pour moi, mais bon la sagesse venant, enfin.
Bon jardinage tout de même et j'espère vous avoir donné envie de venir voir par vous même les divers paysages et tous les beaux jardins dans notre Sud de France.

 hellébore qui l'été est à l'ombre de muriers
Je dois tout de même préciser que les plantes qui acceptent de se plier aux conditions climatiques sont nombreuses et que j'ai le choix, je ne vais pas les citer car il me faudrait plus d'un blog et puis je vous ai suffisamment abreuvés de lecture pour une journée de temps de mars.

4 commentaires:

  1. Rien à ajouter à tout ton savoir qui m'a littéralement captivée bien que vivant tout ça au quotidien ! Ton article est digne d'un journal de jardinage dans la rubrique "pointue dans son domaine". Bon, j'ai des projets radio pour nous si tu veux :)
    Euh...question déco : c'est chez toi la splendide applique extérieure ? Si tu savais à quel point je rêve de trouver la même ! Allez, bonne nuit Sabina et encore une fois : wow pour ton billet ;)

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  2. euh merci pour les compliments , ils me vont direct à la binette.
    On peut toujours essayer, mais je te préviens dès qu'il y a un micro, appareil photo etc je deviens l'idiote du village, tu assumes ? L'héritage saute parfois une génération, tu sais.
    L’applique," ottentique", est en effet sur mon mur extérieur et accueille les invités.
    Biz a plus.
    Sabina

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  3. Merci pour cet article qui m'a passionnée (oui, je fais partie de ces gens qui mangent en regardant "Météo à la carte" sur France 3 le midi) ! Dis donc, je me trompe ou ta jeune pousse a un don pour la photo ? Ça fait plusieurs fois que je tombe en arrêt devant ses clichés ! Ton marronnier a un très beau port et comme Aline, j'adore ton applique =)
    Enfin, mention spéciale à ton hellébore : généralement, j'aime modérément cette plante, mais la tienne m'a vraiment tapé dans l'œil !

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  4. La jeune pousse "shoote" régulièrement et ce qu'elle fait n'est pas mal. D'ailleurs on voit tout de suite la différence entre mes essais m*** et ses photos. Elle a du hériter ça de son grand-père qui photographiait pas mal en son temps.
    Ah l'applique, c'est une récup de mon village lorsqu'ils ont changé toutes les lampes des rues, on a pu en garder une.
    Madame hellébore est une vieille et avant de l'avoir je n'aimais pas trop, mais je voulais une plante qui fleurisse en hiver et les plantes avec fleurs hivernales ne courent pas la rue. Je dois avouer qu'elle impressionne même mon ami fleuriste.
    Biz

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