vendredi 19 septembre 2014

Phénomène cévenol ?, vous avez dit phénomène ?


Voilà le cours d'eau derrière chez moi, c'est pas magnifique ? Là c'est pris le vendredi après-midi, il a déjà perdu de 80 % de son eau, avant hier au plus fort tout le plateau était couvert et l'eau montait presque à ras.



Je vous avais fait un speech un tantinet long ce printemps pour vous expliquer ce qu'était un phénomène cévenol. 
Et bien si vous ne suivez qu'un tantinet les news télévisionnelles vous avez pu voir ce que cela donnait lorsque le ciel vous tombe sur la tête.

Et ben oui, avec quelques unes nous habitons une région qui fait envie au reste de nos copains et copines sur la sphère des jardinautes, mais comme toute chose cette merveilleuse médaille à son revers.
Et le revers n'est pas un petit peu mauvais, il est carrément "phénoménal".

Plaisanterie mise à part, les épisodes pluvieux de cette semaine sont de nature fréquente et presque systématiquement annuelle, il n'étonne que les gens de passage. 
Il est vrai que cette fois-ci le midi a fait fort, mais le fait que les ruisseaux grossissent de façon impromptue et se déversent n'est pas nouveau  non plus, j'habite au bord d'un de ces "oueds"je sais combien cela peut s'avérer dangereux.
A midi, lors de la messe bis-quotidienne, c'est-à-dire du JT j'ai bien entendu la polémique qui commençait : "ne fallait-il pas évacuer ? et le nettoyage du cours d'eau ?" , et j'en passe.

Évacuer, ahh le grand mot : mais diable, lorsqu'il vous pleut dessus et, en l'espace de 3 heures, l'équivalent de 2 baignoires pleines (400 l) pour un mètre carré, quel est l'abruti qui va regarder et faire le tour de tous les caniveaux et autres ruisselets pour savoir où ils en sont ? Je plains les maires qui sont obligés de le faire. En tout cas, nous tous, nous restons bien au chaud et au sec. De plus c'était de nuit, alors à plus forte raison, le méridional, qui connaît la vitesse à laquelle il va se tremper, reste au coin du feu et attend que l'orage passe, même les escargots se mettent à l'abri, c'est dire.

Quant au nettoyage des ruisseaux : vous permettez que j'enfourche mon cheval de bataille favori ?

Voilà, je m'explique : il y a quelques décennies tout propriétaire qui se respectait entretenait les berges de ses ruisseaux et autres gours (ici dans le midi on parle de valat). 
Des personnes bien intentionnées sont venus nous expliquer un beau jour que le nettoyage systématique, à coups de bêches et autres feux d'écobuage, dérangeait la faune sauvage et empêchait les petites fleurettes de pousser. Comme nous ne sommes que la moitié d'imbéciles, nous avons écouté et donc remisés nos fers à bêche et autres boîtes d'allumettes.
Du coup les berges se sont engazonnées, les arbres ont poussé, c'est sympa, il y a de l'ombre, et les lapins et ragondins se sont installées dans les berges en faisant leurs maisons.
Jusqu'à l'automne tout se passe à merveille, mais voilà que durant le mois de septembre il pleut et toute berge non entretenue et trouée grâce aux nids des ragondins et autres, devient fragile et une pluie moins violente entraîne quelques mètres cubes, quelques troncs d'arbre...
Chaque année c'est pareil, la berge recule, les troncs s'en vont au fil de l'eau, jusqu'aux prochain banc de sable où ils s'entassent, mais le ruisseaux vit sa vie naturelle, les écologistes sont contents, ils disent que "la faune et la flore reprend ses droits", le propriétaire lui aussi est content, il ne s'enquiquine plus à nettoyer et c'est d'autant économisé.

Et puis une nuit de septembre-octobre, la pluie est un petit peu plus forte, un tantinet plus abondante, en un temps un petit peu plus court, et voilà que les "embâcles" se libèrent de leur site de stockage et se précipitent avec beaucoup d'eau vers l'aval, au passage ils arrachent encore plus de berge et entraînent avec eux des tronc tout neufs etc.... 
Et au fond de la vallée les hommes se sont installées au bord d'un ru qui d'habitude est paisible et qui du coup, comme il est contraint dans des berges de béton, accélère la vitesse de l'eau et se déverse sur des campeurs endormis.

Et la faute à qui ? A personne mes braves gens :
-les écologistes crient au scandale : eux, ont demandé juste à ce que la nature reprenne ses droits; 
-aux maires : mais je fais comment pour contrôler chaque caniveau d'évacuation pour qu'il ne se transforme pas en torrent;
-à la météo : ils avaient prédit de l'alerte orange depuis 4 jours; 
-aux propriétaires : mais on nous avait dit que nettoyer les berges les rendait plus friables ; 
donc c'est la faute à ce vilain "pas de chance" : on ira le brûler en place de Grêve à Paris et on en parlera plus.

Et voilà, du haut de mon canasson je dis que tout le monde est fautif : 
-les écologistes qui décrètent des oukases après des études à Paris, sans regarder le pourquoi quelque chose se pratique à un endroit ; 
-les maires car les plans des risques d'aujourd'hui sont tellement complexes qu'il te faut Bac + 25 pour arriver à les déchiffrer et eux ils suivent ce genre d’ânerie sans jamais oser dire que c'est de la "couillonnade" à leurs amis qui les votent;
-aux propriétaires, dont je suis, qui essaient d'écouter tout le monde, de faire sans transgresser les 36000 lois, et à qui personne n'est capable de dire ce qu'il faut faire exactement, et qui finissent par abandonner, par ignorance, négligence (j'ai le temps), faute d'argent aussi;
-à nos chers politiciens qui mettent en place des plans X et Y sans se préoccuper comment l'appliquer et qui oublient de voter l'argent pour des campagnes d'info à grande échelle pour les populations concernées.

Et voilà le pourquoi de 6 décès, des millions d'euros de dégâts et des millions de tonnes de déchets à évacuer et le tout a reconstruire.
Bien entendu nous avons tous oublié Vaison-la-Romaine, Nîmes, Sommières et toute la plaine de la Camargue Gardoise de 2002...

Voilà pour mon billet d'humeur et pour vous dire que chez moi j'ai de la chance, je suis au sec, le jardin n'a plus soif et vivement que cela s'arrête pour que je termine mes désherbages. Faudra juste que je sois patiente pour attendre que la terre s'assèche un peu, pour l'instant on ne plante même pas une bêche.
Je vais me pencher sur mes catalogues de plantes de printemps qui viennent d'arriver, voilà une occupation pour des journées de pluie.

Le ciel toujours menaçant cet après-midi et on se croyait dans un hamam, chaud, humidité à plus de 90 %, infernal. la garrigue marron mais les herbes commencent déjà a reverdir.

24 commentaires:

  1. Sabina, tu me scotches vois-tu ! Quel bilan dis donc !!!! T'es prête pour être porte-parole d'une équipe d'élues(s) responsables ! Du très haut vol :)
    Hé au fait, toi, tu l'as ton bassin ;)
    Je trouve tes deux photos absolument superbes et encore, le mot est faible ! Gros bisous ma copinaute et merci pour ce post détonant...

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    1. Je me suis entrainée lors des dernières élections !
      Côté bassin, je suis partageuse puisqu'il appartient pour moitié à ma voisine;
      T'as aussi vu mon paysage? Pas beau ça? Entre deux gouttes Cita est allée se baigner dans notre bassin grandeur nature et moi je me suis étalée sur les pierres, pour bronzer, si il y avait des rayons cet aprém.

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    2. Des rayons ? c'est quoi le micro climat injuste pour les copines voisines ? Hein ? :D
      A l'instant où j'écris ce message, je ne me sens pas très fière : ce soir, l'ambiance annonciatrice de grosses dégringolades est encore plus inquiétante que jeudi : je viens de fermer mes volets, le ciel est plombé comme j'ai rarement vu, c'est le silence total, pas un souffle d'air...super strange....

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    3. Chez nous c'est plombé aussi. Il fait surtout la température d'un hamam, comme je l'ai écrit sous la photo, d'ailleurs j'entends la pluie qui commence à tomber par seaux.
      Bon j’éteins tout et je vais me coucher, on verra les dégâts demain, c'est samedi j'aurais le temps de réparer quelque peu, et d'aller voir les copines d'enfance si elles ont besoin de quelque chose.
      Mets à l'abri tes affaires dans le garage.

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  2. Ben tu vois, même pas eu peur de lire toutes ces lignes tellement elles sont été enrichissantes! Ta première photo est juste mortelle! Comme ça, c'est juste magnifique (et là, je t'envie autant que tu as pu envier mon soleil). Et puis en lisant ton billet, j'ai compris que ça n'était pas que joli. Que ça pouvait être aussi un belle source d'ennuis.
    Ta garrigue est superbe. (et là c'est un brin irresponsable, mais ça doit être génial de se poser dans sa voiture en plein milieu de rien, pour admirer les cellules orageuses...)
    Passe une belle soirée, même si visiblement elle s'annonce "strange"...

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    1. Je sais, le bassin fait toujours le même effet, et avec la voisine on se garde tout ça jalousement ...
      Greg si un jour tu viens je te montre comment je regarde le ciel : j'ai pas besoin de sortir en voiture pour voir les cellules orageuses, je me pose sur mon banc ou sous mon murier devant la maison et j'admire...
      La nature est superbe, mais elle demande son écot et elle n'oublie pas de te faire régler la facture !
      Je t'ai mis mon adresse mail pour ton olivier sur ta page, si ça ne passe pas fais-moi le savoir stp.

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    2. Tout ça visible du banc dans le jardin ? Je me retiens, je me retiens, je me retiens de faire le grand "Aaaaaaaah" du mec admiratif / envieux / et tout et tout... LE PIED !!!
      J'ai eu ton mail, à priori c'est passé

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  3. Je plains tous ces gens qui ont tout perdu, comme tu le dis, c'est le revers de la médaille et j'espère vraiment qu'il n'y aura qu'un épisode cévenol cette année.Et je suis bien contente d'apprendre que tu es restée au sec, sans dégâts.
    Pour la prévention, c'est plus facile à dire qu'à faire, la seule chose utile, peut-être, serait de ne pas construire dans des zones inondables mais ce qui est fait est fait et de toute manière, contre les colères de la nature, on ne peut rien faire sauf subir.
    Bisous

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    1. Eh oui, on ne peut que subir, mais tout le monde s'y est mis là aussi : promoteurs (qui vendent le soleil fort cher), les maires et puis nous qui voulons absolument tout : maison avec jardin, nature au calme, si possible proche d'un cours d'eau (le bruit apaise) et j'en passe. Aujourd'hui c'est plus difficile de construire mais il a fallu combien de drames ? C'est en fait ça que je déplore le plus. Et puis chacun se refile la patate chaude et ça je ne supporte pas !

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  4. Eh bien, quel tableau impressionnant ! Là d'où je viens, la pluie est un élément quotidien qui dépasse rarement le stade du simple crachin... Difficile d'imaginer ce que ça doit être par chez toi ! En tout cas, je comprends ton agacement face à l'absurdité des gens qui se renvoient la balle et dont finalement personne ne sait quelle conduite adopter.
    Mais il y a une sacrée contrepartie à tout ça : la vue que tu as chez toi est à couper le souffle, tes photos sont magnifiques !
    Gros bisous et bon courage pour le week-end bien calfeutrée :)

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    1. Je confirme toupetipti, l'eau est un élément impossible à maîtriser et ici dans le midi c'est comme ceci que l'eau nous vient du ciel : en cataractes (je n'exagère pas, demandez à Aline et Melle brindille). mais en contrepartie , voilà dans quel endroit magnifique j'ai enfin posé mes valises. On se sent tout petit dans cette nature et ça te remet à ta juste place : une cicadelle sur un rhodo...

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    2. Tu ne crois pas si bien dire, j'ai fini par les noyer, mes cicadelles :D (Pas par sadisme gratuit hein, mais parce que c'est plus facile d'en attraper de nouvelles quand les autres pataugent dans un fond d'eau que quand elles jaillissent hors du pot dès qu'on soulève le couvercle...) J'espère quand même que le sort qui vous attend est un peu moins cruel ! Bisous :-)

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  5. Merci pour cet article qui remet les choses à leur place !

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    1. J'ai pensé qu'en tant que jardinière concernée par la proximité de mon cours d'eau et par le lieu où je vis me donnait un droit de réponse aux étonnements de ceux qui ne connaissent pas le sud de france.
      Bises

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  6. Merci pour cet article très intéressant qui m'a beaucoup appris.
    Contente que tout aille bien pour toi.
    Je te fais de gros bisous (et le lien que tu mets chez moi sur ton pseudo n'est pas bon, il faut te "chercher")

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    1. Merci pour avoir cherché.
      Je vais voir ce qui ce passe tu n'es pas la première a me faire la remarque.
      J'espère que par contre chez toi tout va bien aussi avec tes roses.

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  7. Effectivement, on ne peut pas tout avoir...
    Pour ma part, je "découvre" les "épisodes cévenols" : je ne vis pas ici depuis suffisamment longtemps pour y être "habituée" honnêtement jusqu'à présent avec mon mari on pensait que c'était "exceptionnel" et puis je me rends compte que non, il faut s'y attendre plusieurs fois par an et chaque an... Il va vraiment falloir repenser les choses autrement ici (problème de gouttières manquantes, terrain en pente avec l'eau qui se stocke contre un de mur de la maison et provoque des infiltrations... bref, j'en passe).
    Bises et bonne soirée.

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    1. Si je peux t'aider , n'hésite pas de passer par ma boîte mail. Je sais combien ces épisodes sont difficiles à accepter et à comprendre et il faut vraiment tout prévoir, même les anciens ici au village se font avoir de temps en temps, mais prennent tout ceci avec philosophie.
      Mais les dégâts dans une maison peuvent être conséquents, donc n'hésite pas à me contacter.
      Biz et courage , le prochain est déjà annoncé pour dimanche/lundi/mardi.

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  8. Bonjour Sabina, je ne connaissais pas le terme "épisode cévenol" car lorsque je vivais dans le Var, je n'avais jamais assisté à des inondations comme elles se produisent maintenant assez souvent. A l'époque c'était plutôt le feu qui faisait peur car il y avait de nombreux incendies. Que faut-il craindre le plus, le feu ou l'eau ? Difficile à dire, en tout cas tu as bien raison de poser les données du problème cévenol et les "dirigeants" feraient bien d'écouter les avis des personnes concernées... Je suis bien aise en tout cas que tu sois restée au sec chez toi, ta garrigue, elle, a dû profiter de toute cette eau et ton jardin aussi. Bon dimanche à toi, je te dis à bientôt car je me "pause" un peu en raison d'une intervention aux yeux... Bises, Shuki

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    1. Je te souhaite une belle "pause" et j'espère que ton intervention n'est pas trop grave.
      Tu sais, les épisodes cévenols ont toujours existé, mais le fait de recevoir de plus en plus de monde fait faire des bêtises à nos "dirigeants" et ils construisent là où les anciens n'allaient pas s'installer. Mais c'est vrai qu'à force de rigueur et d'information, ainsi qu'à de la surveillance les feux sont devenus plus rares, j'espère seulement que les leçons du passé puissent enfin servir au présent et au futur.
      Grosses bises et reviens-nous vite.

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  9. Article très intéressant,je l'ai découvert par le biais de Mlle brindille.J'habite en Suisse,mais ma maman a une maison de vacances en Ardèche(une ancienne ,donc à priori pas de risque d'inondation) et j'avais déjà remarqué ces fortes pluies de septembre qui reviennent presque chaque année...heureusement nous n'y allons jamais à cette période,rentrée oblige...je me souviens de Vaison La Romaine ,ça m'avait marquée...je vais aller chercher l'autre article du printemps dont tu parles...

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    1. Merci pour ta visite sur mon blog. En effet vu de Suisse cela doit sembler "exotique" quelque chose comme ça.
      En ce qui concerne l'ancienneté de la maison, ce n'est pas une garantie absolu, j'ai le regret de le dire. Autrefois on n'habitait pas les rez-de-chaussée du coup c'est vrai que les dégâts étaient autres. Il n'y avait que les vieilles barriques qui fichaient le camp, mais aujourd'hui on veut habiter les rez-de-chaussée et le résultat est catastrophique, mais bon.
      J'espère en tout cas que tu reviendras sur mon blog pour d'autres visites.
      Bises du sud qui fait le dos rond sous les averses.

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    2. Il est intitulé "Temps de mars" et se trouve en... mars.
      Bonne lecture.

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    3. Merci,j'ai trouvé l'article en question...:-)
      Notre village en Ardèche se trouve du bon côté de la rivière donc en principe ça doit déborder dans la vallée de l'autre côté. Il y a de la marge avant d'atteindre notre maison qui est dans une rue en pente....

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